Jours de plomb

Il était sincère. Je le crois. J’en suis sûr. Oh oui… il l’était.

Il était sincère. Je le crois. J’en suis sûr. Oh oui… il l’était.

Elle est là, la douleur des choses, celle des vies qui s’éloignent. Et je ne dis pas cela parce que je me serais trompé à le suivre. Non…

C’est lui-même qu’il a trahi.

Et ils sont combien, ici, en ce moment, à trahir ce qu’ils ont été, à trahir cette promesse de l’enfance ? Parce qu’alors ils n’auraient pu imaginer adhérer à ce qu’ils sont, à ce qu’ils disent, à ce qu’ils font !… Non, ils n’auraient pu… Elle a été en chacun de nous… Maintenant, elle coule sur leur front, la promesse. Je la vois. Et les projecteurs hâtent la fonte, au cas où ils auraient des remords. Et nous assistons à la liquéfaction publique de chacun d’entre nous, ce qui vaut bien une cérémonie, convenons-en. Au moins ce sort commun rassure. Il en devient moins amer. Et puis il y a les sucreries pour en adoucir le goût.

Insolence, pages 91-92

  • 174 pages
  • 16/22
  • ISBN : 978-2-9542668-4-8
  • Prix : 25 euros